Extrait du livre « Les Délices de la Trinité » de Tim Chester


Nous reproduisons ici les pages 14 à 18 du livre de Tim Chester.

Nous reproduisons ici les pages 14 à 18 du livre de Tim Chester.


Une doctrine pratique ?

En réalité, cependant, la doctrine de la Trinité est tout sauf insignifiante. La Trinité est au centre de notre connaissance de Dieu, de notre délivrance du péché, de notre compréhension de la vie chrétienne et de la mission de l’Église, et même de notre existence en tant qu’humains. Michael Jensen dit : « La doctrine de la Trinité sous-tend notre existence même en tant que chrétiens. Elle donne une forme unique à la vie chrétienne1 ». Il y a une structure trinitaire dans chaque partie de la vérité chrétienne et de la vie chrétienne. Walter Kasper l’appelle « la grammaire » du salut2. Considérez l’œuvre de création de Dieu :

  • Le Père crée par le Fils (Colossiens 1.15-17 ; Hébreux 1.2).
  • Dieu a donné naissance au monde par sa Parole, et cette Parole qu’il a prononcée était son Fils (Jean 1.1-3).
  • Le Fils est impliqué de façon continue dans la création, soutenant toutes choses par sa puissante parole (Hébreux 1.3).
  • Dieu a donné la vie au premier homme en insufflant le « souffle de vie » dans ses narines (Genèse 2.7). Le mot « souffle » est le même que l’« Esprit » ou le « vent » qui plane sur les eaux (Genèse 1.2).
  • La Parole créatrice de Dieu vient par le souffle de Dieu : « C’est par la parole du Seigneur que les cieux ont été faits, et leur armée d’étoiles par le souffle de sa bouche » (Psaumes 33.6).

De la même manière, l’œuvre du salut reflète l’activité trinitaire de Dieu :

  • Tout au long de l’Ancien Testament, Dieu apparaît à son peuple sous forme humaine (Josué 5.13-15; Ézéchiel 1.25-28) et son Esprit est le médiateur de sa présence parmi son peuple (Néhémie 9.20, 30; Ésaïe 63.10-14).
  • Lorsque Jésus vient, il est envoyé par le Père (Jean 6.38-40, 17.20-21).
  • Il est né d’une vierge par l’Esprit Saint (Luc 1.34-35).
  • Lors de son baptême, le Père parle depuis le ciel, recommandant son Fils, et l’Esprit descend sous la forme d’une colombe (Marc 1.9-11).
  • Jésus exerce son ministère dans la puissance de l’Esprit (Matthieu 12.28 ; Luc 4.14 ; Jean 3.34), comme Ésaïe l’avait promis (Luc 4.18-19).
  • Sur la croix, le Père donne son Fils pour nous sauver (Jean 3.16).
  • Le Fils donne sa vie pour son peuple en obéissance au Père, mais librement, de son propre chef (Jean 10.17-18).
  • Ainsi, nous sommes réconciliés avec le Père par la mort du Fils en notre faveur (2 Corinthiens 5.19).
  • Le Père ressuscite le Fils par l’Esprit (Actes 2.24 ; Romains 1.4).
  • Le Fils est désormais le médiateur entre Dieu et l’humanité (1 Timothée 2.5).
  • Le Père envoie l’Esprit au nom de Jésus (Jean 14.16-17, 26).
  • Et Jésus envoie l’Esprit de la part du Père (Jean 15.26).
  • L’Esprit applique l’œuvre du Fils à notre vie. Il apporte la conviction du péché, de la justice et du jugement (Jean 16.7‑11). Il ouvre nos yeux pour que nous reconnaissions Jésus comme Seigneur (1 Corinthiens 12.3).
  • C’est à travers l’Esprit que nous naissons de nouveau (Jean 3.5-8) et c’est par l’Esprit que le Père nous donne la vie nouvelle de Christ (Romains 8.11).
  • Nous sommes sauvés à cause de la bonté du Père, à travers la nouvelle naissance par l’Esprit, qu’il a déversé sur nous par le Fils (Tite 3.4-7).

Certaines personnes cherchent la sécurité dans une expérience subjective de l’Esprit, d’autres dans l’œuvre objective de Christ. Mais l’assurance chrétienne englobe les deux, car elle a une triple fondation dans la grâce trinitaire. Elle est enracinée dans l’amour électif du Père, l’œuvre achevée du Fils et le témoignage présent de l’Esprit. James Torrance dit qu’il existe trois réponses à la question de savoir quand je suis devenu chrétien :

Premièrement, je suis un enfant de Dieu depuis toute éternité dans le cœur du Père. Deuxièmement, je suis devenu enfant de Dieu lorsque Christ, le Fils, a vécu, est mort et est ressuscité pour moi il y a bien
longtemps. Troisièmement, je deviens enfant de Dieu lorsque le Saint-Esprit, l’Esprit d’adoption, scelle dans ma foi et dans mon expérience ce qui avait été prévu de toute éternité dans le cœur du Père et ce qui a été accompli une fois pour toutes en Jésus-Christ. Il y a trois moments mais un seul acte de salut, tout comme nous croyons qu’il y a trois personnes dans la Trinité, mais un seul Dieu.

James B. Torrance, Worship, Community and the Triune God of Grace, Paternoster/IVP, 1996, p. 76.

La structure de la prière reflète la structure trinitaire du salut :

  • Bien que la prière puisse être offerte au Fils et à l’Esprit, la norme dans le Nouveau Testament est que la prière soit adressée à notre Père (Luc 11.1-13).
  • Le Fils est toujours le médiateur de la prière. Nous prions au nom de Christ car, par sa mort, nous pouvons nous approcher de Dieu avec confiance (Hébreux 4.14-16 ; 10.19-22).
  • L’Esprit nous aide dans l’acte de prier, nous permettant d’invoquer Dieu comme notre Père et intercédant pour nous dans notre faiblesse (Romains 8.14-16, 26-27)3.

De même, l’adoration est « notre participation à travers l’Esprit à la communion du Fils avec le Père, à sa vie d’adoration et d’intercession offerte à notre place et en notre faveur4 ». L’adoration n’est pas avant tout ce que nous offrons au Dieu unique, mais le don d’être participant à la vie trinitaire. Les chrétiens offrent un « sacrifice de louange » sacerdotal (Hébreux 13.15-16) par le biais du sacerdoce de Christ (Hébreux 2.17, 8.1-2). Calvin dit que « Christ est le grand chef de chœur qui accorde nos cœurs pour chanter les louanges de Dieu5 ».

L’Évangile trinitaire marque également au fer blanc la communauté créée par l’Évangile :

  • L’Église est le peuple de Dieu (1 Pierre 2.9-10).
  • Elle est le corps de Christ et l’épouse pour laquelle il a donné sa vie (1 Corinthiens 12 ; Éphésiens 5.25-27 ; Apocalypse 21.2).
  • Elle est la communauté du Saint-Esprit (2 Corinthiens 13.13).
  • Nous sommes baptisés dans l’Église « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28.19).
  • L’Église est le lieu où Dieu vit par son Esprit (Éphésiens 2.22).
  • Christ donne des dons à son peuple par l’intermédiaire de l’Esprit (Éphésiens 4.7-13).
  • Dieu agit en nous par son Esprit afin que nous puissions servir le Seigneur Jésus-Christ (1 Corinthiens 12.4-6).

Paul dit : « À travers [Christ], en effet, nous avons les uns et les autres accès auprès du Père par le même Esprit » (Éphésiens 2.18). Partout où nous regardons, nous constatons que la vérité chrétienne et la vie chrétienne ont une structure trinitaire. « Nous avons la vie, le mouvement et l’être, dit Robert Letham, dans une atmosphère trinitaire omniprésente6. » Le Fils œuvre pour nous et l’Esprit œuvre en nous pour accomplir la volonté du Père. « [Nous avons] été choisis, dit Pierre, conformément à la prescience de Dieu le Père et conduits à la sainteté par l’Esprit afin de devenir obéissants et d’être purifiés par le sang de Jésus-Christ » (1 Pierre 1.2).

Si nous disons que la Trinité est trop difficile pour que l’on s’en préoccupe, alors nous disons que Dieu est trop difficile pour que l’on se préoccupe de lui, car « Trinité est le prénom de Dieu7 ». On dit souvent que si l’on veut réellement comprendre une culture, il faut en comprendre la langue. Il ne suffit pas de visiter un pays, de voir ses sites historiques, de lire des traductions de sa littérature, de découvrir son histoire. Si l’on veut commencer à se faire une idée de la culture, nous devons en apprendre la langue. Voilà pourquoi le maintien des langues indigènes est si important pour préserver l’identité culturelle.

Il en va de même pour la foi chrétienne. Pour la comprendre pleinement, nous devons apprendre son langage, or son langage est la Trinité. La Trinité est le langage dans lequel la vérité chrétienne est exprimée. Elle donne forme à la vérité. La Trinité n’est pas périphérique, et encore moins facultative. Elle constitue le cœur admirable et merveilleux de notre foi.


  1. Michael Jensen, «The Very Practical Doctrine of the Trinity», The Briefing, 249, Mars 2001, p. 11. ↩︎
  2. Walter Kasper, Le Dieu des chrétiens, Paris : Cerf, 1985, p. 352-359. ↩︎
  3. Concernant la structure trinitaire de la prière, voir Tim Chester, The Message of Prayer, IVP, 2003, ch. 1–4. ↩︎
  4. James B. Torrance, op. cit., p. 15. Voir aussi T.F. Torrance, Theology in Reconstruction, SCM, 1965, p. 248-251. ↩︎
  5. Cité dans James B. Torrance, op. cit., p. 10. ↩︎
  6. Robert Letham, «The Trinity–Yesterday, Today and the Future», Themelios 28.1, Automne 2002, p. 32. ↩︎
  7. Karl Barth, cité dans Gordon D. Fee, The First Epistle to the Corinthians, NICNT, Eerdmans, 1987, p. 586. ↩︎

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Auteur de l’article : Éditions Clé

Éditions Clé

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