Arrêtons de dire « Sois avec » dans nos prières. Extrait de «Audacieux dans la prière» par Alistair Begg


Image par Arnie Bragg de Pixabay

La prière est spirituelle (mais pas déconnectée de la réalité)

Quand je lis les prières de Paul, je suis toujours frappé de constater que bien des sujets occupant le centre de mes prières sont absents des siennes.

Lisez ses prières dans sa lettre aux Éphésiens (ou dans n’importe laquelle de ses épîtres) : l’absence de considérations matérielles vous sautera aux yeux. Cette absence est particulièrement frappante si l’on considère que Paul était en prison à Rome. Mais il ne priait pas pour sa situation délicate ; il ne demandait pas sa libération. Cela aurait pu se comprendre – c’est lui qui a écrit, dans Philippiens 4.6 :

Paul a écrit cela et il y croyait, et nous le devons également. Mais nous devons aussi reconnaître avec Paul que ce ne sont pas là les préoccupations ultimes. Tous les sujets peuvent être exposés à Dieu, mais ce que nous lui présentons n’est pas toujours ce qui importe le plus.

Quelque chose de plus important que la santé

En un sens, les croyants d’Éphèse étaient comme nous. Ils s’inquiétaient pour la nourriture, les vêtements et le logement. Leurs pensées, leurs discussions et leurs préoccupations tournaient autour du fait d’être mariés ou de se marier…, d’être parents, de souhaiter avoir des enfants ou de regretter de ne pas en avoir…, de leur travail, de leurs impôts, de leur prospérité, de leur santé… mais aucun de ces sujets n’est mentionné par Paul quand il prie pour eux.

Il est à noter que, dans la Bible, les prières pour la santé (qui, si nous avions la possibilité d’écouter les prières des chrétiens occidentaux, arriveraient certainement en tête de liste) sont rares, voire inexistantes. Alors, pourquoi prions-nous autant pour cela ?

Parce que nous ne voulons pas mourir.

Nous voulons vivre. Nous avons le vague sentiment que ce que nous avons maintenant, de ce côté-ci de la mort, est en fait meilleur que ce que Dieu a pour nous, de l’autre côté de la mort. Nous voulons donc nous accrocher à ce que nous avons. Mais au lieu de cela, nous devons croire – réellement croire – que ceci est vrai :

Vous avez été ressuscité avec Christ dans les lieux célestes. Vous avez été intégré dans une famille qui durera pour toujours. Un jour, vous vivrez dans de nouveaux cieux et sur une nouvelle terre. Vous verrez Dieu face à face et, avec un cœur enfin débarrassé du péché et un corps libéré de la souffrance, de la faiblesse et de la décomposition, vous le louerez.

Et vous et moi, nous nous contentons de prier pour rester en bonne santé et vivre longtemps ?! Tous les sujets peuvent être exposés à Dieu, mais ce que nous lui présentons n’est pas toujours ce qui importe le plus.

Quand les yeux de notre cœur se tournent vers notre avenir, cela change notre vie aujourd’hui même ; cela redéfinit nos priorités et nos prières. Nos prières se tournent alors moins vers les détails matériels de la vie, mais d’abord et surtout vers les réalités spirituelles de notre vie éternelle. Les questions éternelles importent davantage, les soucis actuels beaucoup moins. Nous vivons et prions en nous appuyant sur le fait que « la vie, c’est Christ, et la mort est un gain » (Philippiens 1.21 – Semeur).

Mais la créature limitée par le temps et déchue que je suis naturellement oublie souvent l’élément spirituel et éternel de la réalité. C’est pourquoi les sujets qui alimentent mes prières sont si régulièrement absents de celles de Paul ; et les sujets qui alimentent ses prières sont si régulièrement absents des miennes. Il a les yeux tournés vers l’éternité. Ses prières sont spirituelles. Nous devons faire en sorte que les nôtres le soient aussi.

Arrêtons de dire « Sois avec »

Pour atteindre ce but, je veux bannir les deux mots qui brident la plupart de nos prières. Je veux parler de :

Si vous deviez enregistrer mes prières, j’ai la triste intuition que vous entendriez beaucoup de « Sois avec » : « Seigneur, je te prie d’être avec Tom lorsqu’il va au travail, et d’être aussi avec Marie, qui se fait enlever ses dents de sagesse mardi, et sois avec… et sois avec… et sois avec… et sois avec nous tous. Amen ».

Cette manière de prier manque d’imagination et est limitée. Elle est loin de l’ambition spirituelle qui animait Paul. Et je pense qu’elle est inutile. Jésus a dit : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28.20). Il a promis d’être avec Tom et avec Marie. C’est un gâchis de consacrer la totalité de ma prière pour eux à cette requête, alors que Jésus a déjà promis qu’il le ferait et a déjà commencé à le faire.

Cherchez dans les Écritures, vous n’y trouverez pas de prière qui demande juste à Dieu d’« être avec » son peuple. Les prières des saints ont des préoccupations bien plus graves, bien plus spirituelles. Voyez Néhémie. Au début du livre de Néhémie, alors qu’il est en exil et travaille comme échanson du roi de Perse, il apprend que les murailles de Jérusalem, la cité de Dieu, sont tombées et que ses portes ont été réduites en cendres. C’est un fiasco total. Néhémie a le cœur brisé par cette nouvelle ; il décide qu’il doit faire quelque chose. Mais, bien sûr, il sait ce que nous avons vu au chapitre précédent de ce livre et, donc :

Vous pouvez lire sa prière, dans Néhémie 1 :

Oh Seigneur Dieu, je t’en prie, sois avec le peuple à Jérusalem…

Non, il ne dit rien de tel !

Il dit (et je paraphrase) : Ô Dieu, Dieu grand, merveilleux et magnifique qui règne sur l’univers. Nous, ton peuple, nous nous inclinons devant toi et nous confessons nos péchés et nos manquements devant toi.

Comprenez-vous ce qu’il fait ? Il se concentre sur l’aspect spirituel avant de se préoccuper de l’aspect matériel. Il sait que la question des murailles de Jérusalem est une métaphore de la condition spirituelle réelle du peuple. La muraille s’est effondrée et a été détruite à cause des besoins spirituels de leurs cœurs. Néhémie commence donc par prier pour ce qui importe le plus : Seigneur, je dois confesser nos péchés. Seigneur, je dois reconnaître notre complète dépendance de toi. Seigneur, tourne notre regard vers ce qui importe vraiment car nous l’avons complètement perdu de vue.

Regardez les prières de Daniel ; elles sont de la même nature. Dans Daniel 9, au plus fort de l’oppression du peuple de Dieu, tandis que le chaos l’environne, il ne prie pas au sujet des conditions matérielles. Sa prière est centrée sur la grandeur et la gloire de Dieu, sur son royaume et sur le fait qu’il est souverain. C’est impressionnant. Cela me rend humble ; Néhémie me rend humble ; Paul me rend humble. Comme mes prières sont petites, étriquées. Comme mes prières sont remplies de « Sois avec ».

D’après mon expérience, les parents courent particulièrement le risque d’adopter ce genre d’attitude lorsqu’il s’agit de leurs enfants. Si vous avez des enfants, voici un moyen de diagnostiquer si vos prières sont trop matérielles et pas assez spirituelles. Comment priez-vous pour vos enfants (si vous priez pour eux) ? Nos prières pour nos enfants révèlent-elles que nous sommes conscients que leur condition spirituelle importe davantage que leur bien-être financier, relationnel ou professionnel ? Nos prières reflètent-elles le fait que leur statut en Christ importe infiniment plus que leur statut à l’école, au lycée, au bureau ou dans la société ?

Tous ces sujets peuvent être exposés devant Dieu, mais nous devons toujours commencer par lui présenter les sujets qui importent le plus.

Le moyeu

Mais ne me croyez pas sur parole. Croyez Jésus sur parole.

Dans le passage bien connu de Matthieu 6, Jésus parle à ses disciples des préoccupations matérielles légitimes – leur nourriture, leurs vêtements, leur vie. Et il ne leur reproche pas de se préoccuper de ces choses. Mais il leur dit, Réfléchissons. Avez-vous déjà vu des oiseaux construire des usines pour fabriquer des choses ? Non ! Pourquoi ? Parce que notre Père les nourrit. Et avez-vous déjà vu les fleurs coudre leurs habits ou aller au centre commercial pour s’assurer qu’elles ont le bon équipement ? Non ! Pourquoi ? Parce que, quels que soient les habits que nous pouvons nous procurer, nous n’atteindrons jamais la beauté naturelle extraordinaire de l’œuvre créatrice de Dieu. Alors, dit Jésus, je vais vous dire ce que vous devez faire :

Recherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu…

Cela consiste à donner la priorité aux choses spirituelles.

…et tout cela vous sera donné en plus.

Autrement dit, pour paraphraser les paroles de Jésus : Si vous prenez soin de mes affaires, je prendrai soin des vôtres.

Le moyeu – le centre de notre vie et de nos actions est toujours spirituel. Prenez une roue de vélo ; le moyeu est la clé de voûte de tous les rayons. Si ce moyeu est fragile ou endommagé, les rayons seront déformés, desserrés, ou ils ne résisteront pas ; ils seront donc inefficaces et inadaptés pour permettre à la roue de vous emmener dans la direction souhaitée. Le moyeu est crucial. Et en ce qui nous concerne, notre moyeu est spirituel. Paul plie les genoux devant le Père qui est dans les cieux et prie ainsi parce qu’il veut montrer aux Éphésiens que c’est ce qui importe réellement. Par conséquent, les préoccupations spirituelles doivent constituer le cœur de nos prières – pas le sujet unique, mais la priorité.


Extrait du livre « Audacieux dans la prière » de Alistair Begg Copyright 2025 Editions Clé et TRUTHFORLIFE. La reproduction de cet article est interdite.


Couverture du livre Audacieux dans la prière

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Auteur de l’article : Éditions Clé

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