Business by Nick Youngson CC BY-SA 3.0 Alpha Stock Images
Une manière peu usitée de glorifier Dieu (extrait du livre)
Les affaires sont-elles fondamentalement bonnes ou mauvaises ?
De nos jours, des mots tels que « profit », « concurrence », « argent », et même « business » véhiculent une connotation morale négative pour beaucoup de gens. Ceux qui font carrière dans les affaires travaillent parfois sous un léger voile de culpabilité. Ils pensent que leur travail est nécessaire, mais qu’il est au mieux « neutre » d’un point de vue moral. Peu de gens estiment que faire des affaires peut être en soi moralement bon.
Les scandales récents dévoilant des activités malhonnêtes et illégales perpétrées par de grands groupes, comme Enron, ou par des entreprises jusqu’alors respectées, comme Arthur Andersen, ont bien évidemment favorisé les soupçons du public, l’amenant à penser que tout ce qui a trait au monde des affaires est naturellement mauvais. Ainsi, l’idée même de business devient suspecte. Est-ce juste ?
Quant au lien entre faire des affaires et servir Dieu, lorsque quelqu’un s’inquiète de savoir comment sa vie peut « glorifier Dieu », il entend rarement : « Lance-toi dans les affaires. » Un étudiant qui demande : « Comment puis-je servir Dieu ? » n’entend pas souvent : « Lance-toi dans le business. » Et lorsque quelqu’un explique à une nouvelle connaissance : « Je travaille pour telle ou telle boîte », la réponse n’est généralement pas : « Quelle belle façon de glorifier Dieu ! »
Pourtant, c’est exactement ce que ce livre va affirmer. Je vais démontrer que bien des aspects de l’activité économique sont moralement bons en eux-mêmes, et qu’en tant que tels, ils glorifient Dieu, même si, potentiellement, ils peuvent être utilisés à mauvais escient.
Je suis conscient que, pour la plupart des gens, « glorifier Dieu » est une phrase qui est plus en usage dans une église que dans le monde du travail. Cette expression évoque d’abord l’adoration : des chants de louange et de remerciements à Dieu. Puis, elle fait penser à l’évangélisation : donner gloire à Dieu en parlant de lui. Elle peut aussi faire penser à la générosité : glorifier Dieu en donnant aux œuvres d’évangélisation, à la construction de nouvelles églises ou aux œuvres caritatives. Elle évoque aussi une vie morale : un comportement qui honore Dieu. Et enfin, l’expression « glorifier Dieu » peut suggérer une vie de foi : dépendre de Dieu tous les jours par la prière et par une attitude de cœur qui démontre notre confiance en lui. Ces cinq domaines, l’adoration, l’évangélisation, la générosité, une vie morale et la foi sont certes des manières légitimes d’honorer Dieu. Mais elles ne sont pas ma priorité dans ce livre.
Je souhaite parler du business en lui-même, pas seulement des façons dont il peut contribuer à ce que fait déjà l’Église. Je veux m’attacher plus spécifiquement à ces différents aspects :
- La possession des biens
- La productivité
- L’emploi
- Les transactions commerciales (l’achat et la vente)
- Le profit
- L’argent
- L’inégalité des biens
- La concurrence
- L’emprunt et le prêt
- Les attitudes du cœur
- Les effets sur la pauvreté dans le monde
Mais avant de les aborder, considérons deux points préliminaires avec lesquels il faut compter : l’imitation de Dieu, et le mal moral ou le péché.
L’imitation : Dieu aime quand nos vies reflètent son caractère
Nous négligeons souvent une manière de glorifier Dieu, qui est pourtant une clé pour comprendre pourquoi Dieu a créé le monde comme il l’a fait. Elle nous aide également à comprendre pourquoi Dieu nous a donné des commandements moraux et pourquoi les êtres humains possèdent le désir inné de travailler, d’être productifs, d’inventer, de gagner, d’épargner, de donner et d’effectuer les milliers d’activités spécifiques qui remplissent nos journées. Cette manière de rendre gloire à Dieu s’appelle l’imitation, l’imitation des attributs de Dieu.
Dieu nous a créés afin que nous l’imitions et qu’il puisse nous regarder et voir dans nos vies le reflet de ses attributs merveilleux. Le tout premier chapitre de la Bible nous dit :
Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la femme (Genèse 1.27).
Être créés à l’image de Dieu veut dire être comme Dieu et le représenter sur la terre. Il nous a créés pour lui ressembler plus que toute autre chose sur la terre. Il prend plaisir à voir un reflet de son excellence en nous. Après avoir créé Adam et Ève,
Dieu regarda tout ce qu’il avait fait, et il constata que c’était très bon (Genèse 1.31).
Il a contemplé sa création et s’est réjoui de tout ce qu’il a vu, mais surtout des êtres humains créés à son image.
C’est pour cela que Paul nous exhorte, en Éphésiens 5,
Soyez donc les imitateurs de Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés (Éphésiens 5.1).
Si vous êtes parent, vous connaissez la joie particulière de voir vos enfants imiter certaines de vos qualités positives ou adopter certaines des normes morales que vous avez essayé de leur inculquer. Cette joie des parents n’est qu’un faible écho de la joie que Dieu ressent quand il nous voit, nous, ses enfants, imiter ses qualités excellentes : « Soyez donc les imitateurs de Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés. »
L’idée d’imiter Dieu explique de nombreux commandements bibliques. Par exemple, « Quant à nous, nous [l’]aimons parce qu’il nous a aimés le premier » (1 Jean 4.19). Nous imitons l’amour de Dieu quand nous agissons avec amour. Ou encore : « En effet, il est écrit : vous serez saints, car moi, je suis saint. » (1 Pierre 1.16, citant Lévitique 11.44). De même, Jésus a dit : « Soyez donc pleins de compassion, tout comme votre Père [aussi] est plein de compassion » (Luc 6.36), et « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5.48). Dieu veut que nous soyons comme lui.
L’idée d’imiter Dieu pour qu’il prenne plaisir en nous explique d’autres commandements moraux de la Bible. Dieu nous demande par exemple de dire la vérité et de ne pas mentir parce qu’il est « le Dieu qui ne ment pas » (Tite 1.2). Il nous avertit contre l’adultère, car il est un Dieu fidèle à ses engagements et il se réjouit quand il voit que nous sommes fidèles à l’alliance que nous avons conclue en nous mariant (voir Malachie 2.14). Dieu dit aux enfants : « Honore ton père et ta mère » (Exode 20.12, cité dans Éphésiens 6.2), car cela reflète l’honneur que le Fils rend au Père au sein de la Trinité.
Dieu nous a créés pour que nous désirions imiter son caractère. Il nous a créés pour que nous nous réjouissions spontanément lorsque nous voyons son caractère se refléter dans nos actions et dans celles des autres. Bien que nos actions soient toutes entachées par le péché, nous le voyons quand même dans une certaine mesure. Nous éprouvons une joie profonde et satisfaisante à dire la vérité (car Dieu est honnête), quand nous traitons les autres avec justice (car Dieu est juste), quand nous agissons avec amour (car Dieu est amour), quand nous sommes fidèles à notre conjoint et quand nous tenons nos engagements (car Dieu est fidèle), et ainsi de suite. Nous nous réjouissons aussi quand nous voyons ces qualités chez les autres, car nous apercevons le caractère de l’Éternel. Nous commençons alors à comprendre le commandement : « Ainsi donc, que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Corinthiens 10.31).
Mais le péché ne glorifie pas Dieu
Toutefois, nous ne devons jamais chercher à glorifier Dieu par un comportement qui va à l’encontre de sa Parole. Si, par exemple, j’ai le désir malsain de révéler une vérité à propos de mon voisin, juste pour lui nuire, cela ne glorifie pas Dieu, car la sincérité de Dieu est toujours en accord avec tous ses autres attributs, dont l’amour. Quand je lis l’histoire d’un voleur qui a cambriolé une banque grâce à un plan brillant et complexe, je ne dois pas y voir une remarquable imitation de la sagesse et de l’adresse divines, car la sagesse de Dieu est toujours conforme à ses attributs d’amour et de vérité. Prenons donc garde de ne jamais essayer d’imiter le caractère de Dieu en opposition à sa loi morale révélée dans les Écritures.
Ce que ce livre n’est pas
Je dois souligner une dernière chose avant de commencer. Ce n’est pas un guide pour « prendre des décisions éthiques difficiles dans le monde des affaires ». Il faudrait un livre bien plus conséquent. En fait, j’espère en faire le sujet d’un prochain ouvrage.
Avant de considérer les défis éthiques complexes posés par le monde des affaires, il est essentiel de comprendre certains de ses composants, fondamentaux en eux-mêmes, tels que le profit, la concurrence, l’argent et la possession des biens. Ces aspects sont-ils toujours salis par le mal ? Ou sont-ils simplement moralement neutres, pouvant être utilisés pour le bien ou pour le mal ? Une troisième option est-elle possible ? Je le pense et je défendrai le point de vue que Dieu a donné des choses fondamentalement bonnes à la race humaine, mais qu’elles offrent toutes la possibilité d’en faire un usage répréhensible. Même si ce petit livre est trop court pour résoudre tous les problèmes complexes liés aux « zones d’ombre » de l’éthique, chaque domaine possède des aspects qui sont clairement bons et mauvais, et j’en parlerai également dans les pages qui suivent.
Les manières spécifiques par lesquelles Dieu peut être glorifié dans les affaires
Ceci étant posé, nous pouvons maintenant aborder les aspects spécifiques du business et nous demander : « Comment ces activités peuvent-elles offrir des opportunités uniques de glorifier Dieu ? » Nous verrons que chaque aspect offre de multiples occasions de glorifier Dieu, ainsi que de nombreuses occasions de céder au péché.
Reproduction de l’introduction du livre « Business pour la gloire de Dieu » de Wayne Grudem, livre publié par les Éditions Clé
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2 commentaires sur “Extrait de Business pour la gloire de Dieu – Wayne Grudem”
Kepha777
(22/11/2018 - 22:07)Bonjour,
Permettez moi d’apporter une toute petite réflexion sur ce qui vous a motivé à écrite ce livre. J’apprécie votre sentiment de vouloir inciter l’humain (ou le croyant) à donner gloire au Suprême, le Créateur des ciels et de la terre, dans son action dans le business. Toutefois, je voudrais seulement préciser ceci : il est impossible à l’humain de discerner ce qui est pur de ce qui est souillé aux yeux du Suprême, tant qu’il demeure dans la chair. Seuls les enfants du Très Haut, nés de son souffle sacré, peuvent comprendre son vouloir et l’accomplir. Souvenez-vous de ces paroles du Messie : « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né du souffle est souffle ». Lorsque l’humain entre dans la nouvelle nature d’en haut (régénéré par le souffle sacré), il est dès lors conduit par le souffle du Très Haut selon qu’il est écrit : « …ceux qui sont conduits par le souffle sacré sont fils du Très Haut ». Donc, de mon point de vue, le discernement des bonnes ou des mauvaises œuvres dans le business et autres choses, n’est pas une question de sagesse d’homme, mais bien une inspiration par le souffle de vérité.
Paix et miséricorde.
Michel P.
(23/11/2018 - 11:04)Merci pour votre commentaire ! Loin de moi ni de l’auteur l’idée de négliger le rôle du St esprit. (cf verset plus bas).
Nous pensons toutefois que ce livre contribue à la réflexion paisible et bible en main sur nos pratiques dans le business. Ce livre nous aide à établir et ancrer des bonnes convictions (résolutions ?) bibliques sur nos activités économiques. Le Saint esprit n’est pas contre cette réflexion, bien au contraire.
Ces bases, ces convictions seront alors surement utilisée par le Saint Esprit qui pourra nous les rappellera en pleine situation de Business !
Fraternellement,
Michel PHILIPPE, directeur des Editions Clé
En effet, ceux qui se conforment à leur nature propre se préoccupent des réalités de la nature humaine, tandis que ceux qui se conforment à l’Esprit sont préoccupés par ce qui est de l’Esprit… Or, ceux qui sont animés par leur nature propre ne peuvent pas plaire à Dieu. Quant à vous, vous n’êtes pas animés par votre nature propre, mais par l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous.
Romains 8.5, 8-9