Dans le livre Vous pouvez changer, pages 145 à 156 Tim Chester nous donne 3 causes. Nous les reproduisons ici.
« J’ai bien essayé de changer, mais je n’ai pas l’impression d’avoir beaucoup progressé. » « C’est toujours la même vieille histoire ; c’est toujours le même vieux péché. » « Je pourrais réciter le manuel sur la sanctification les yeux fermés, mais ça ne m’empêche pas de prendre une bûche à chaque fois. » « J’ai commencé à faire les exercices de mon projet de changement, mais cette semaine j’ai fait “retour à la case départ”. » Nous avons vu que Dieu est à l’œuvre pour nous changer, alors pourquoi nos changements sont-ils si limités ? Qu’est-ce qui nous retient ? Plus j’analyse mes propres luttes, mon expérience pastorale et l’enseignement de la Bible, plus je suis persuadé que les difficultés se réduisent à l’un de ces deux facteurs : l’amour de ma personne ou l’amour du péché. Le manque de discipline ou de connaissance ou de soutien ne joue pas un grand rôle, même s’ils ont leur importance. Le frein principal au changement est l’orgueil suivi de près par l’amour du péché lui-même, quand bien même la haine des conséquences du péché est bien présente.
1. Une orgueilleuse confiance en soi
Vous est-il arrivé d’être furieux ou excédé par votre échec face au changement ? Beaucoup de gens m’ont confié : « Je n’arrive pas à croire que je sois encore tombé dans le panneau », ou bien : « Je suis furieux d’avoir encore fait ça. » J’ai eu moi-même souvent ce genre de réflexion. Écoutez ce que dit Ed Welch : « Prenez une personne qui s’en veut “à mort” de retomber chaque fois dans le même péché. Son sentiment n’est qu’une forme déguisée d’orgueil qui lui murmure qu’il est capable de faire ce qui est bien par ses propres moyens. Il minimise son incompétence spirituelle en dehors de l’aide de la grâce divine. » Selon Jerry Bridges : « Dieu veut que nous avancions dans l’obéissance, pas dans la victoire. » Notre problème, explique-t-il, est que l’attitude que nous entretenons envers le péché est plus égocentrique que théocentrique. Pour nous, remporter une victoire sur le péché importe plus que la peine que nous causons à Dieu.
L’orgueil n’est pas juste un péché ; il fait partie de la définition même du péché. Par lui, nous nous mettons à la place de Dieu. Nous abandonnons le but ultime de notre vie qui est de glorifier Dieu et nous nous consacrons à notre propre glorification. Nous faisons cela jusque dans le domaine de la sanctification dont nous faisons notre chef-d’œuvre et notre sujet de gloire. C.J. Mahaney appelle cela un « plagiat cosmique ».
Voilà la raison pour laquelle l’humilité est le paradigme de la repentance. S’humilier devant Dieu, c’est nous repentir du complexe qui nous pousse à nous prendre pour Dieu le Père. Voilà pourquoi ce que notre Dieu attend de nous, c’est que nous marchions humblement devant lui (Michée 6.8). Les Écritures disent : « Dieu s’oppose aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » … « Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève au moment voulu » (Jacques 4.6, 10 ; 1 Pierre 5.5). Le secret pour obtenir la grâce est l’humilité. Comme l’a fait remarquer Jack Miller : « La grâce s’écoule vers le point le plus bas. » Beaucoup a été dit sur les hautes sphères de la sanctification, mais en réalité, ce dont nous avons vraiment besoin, ce sont les basses sphères de l’humilité. « Nous grandissons en Christ en nous abaissant dans l’humilité. » Si nous aspirons vraiment à la grâce de la sainteté, il est indispensable de nous abaisser et de nous humilier. Laissons à Dieu le soin de nous élever.
Il ne faut bien sûr pas voir l’humilité comme un exploit spirituel pouvant nous valoir quelque grâce. Bien au contraire. L’humilité, c’est réaliser que nous sommes totalement incapables de mériter quelque bénédiction que ce soit ; c’est reconnaître que notre seul espoir, c’est la grâce. C’est cesser de nous tourner vers nous-mêmes pour trouver la satisfaction de tous nos besoins et nous tourner vers Jésus. Si votre incapacité à changer vous désespère, la première chose à faire est d’abandonner, d’arrêter d’attendre un résultat provenant de vous-même. Repentez-vous de votre assurance et de votre confiance en vous. La deuxième chose à faire, est de vous réjouir de la grâce de Dieu : grâce qui pardonne ; grâce qui transforme.
2. Arrogante autojustification
Nous n’aimons pas trop nous voir comme des gens « mauvais ». Nous évitons de qualifier notre cœur de foncièrement « méchant ». Et donc nous esquivons nos responsabilités en ce qui concerne le péché. Nous voulons bien admettre à la rigueur que nous avons besoin de changer, mais il est hors de question de reconnaître que le véritable problème, c’est nous-mêmes. Nous avons donc établi un certain nombre de stratégies de diversion. Votre assurance vous souffle : « Je m’en sortirai bien toute seul » et votre autojustification ajoute : « D’ailleurs, c’est ce que je fais. » Un tel raisonnement revient à excuser, minimiser ou cacher le péché.
Excuser le péché
Le péché originel est né d’une mise en doute de la Parole de Dieu et d’un désir des choses créées excédant le désir du Créateur. Comme nous l’avons vu, ces deux choses caractérisent tous les autres péchés. Un autre trait de ce premier péché se retrouve aussi dans tous les autres : l’accusation. Les excuses. Adam a accusé Ève. Ève a accusé le serpent (Genèse 3.11-13). Aujourd’hui encore, nous tâchons toujours de trouver un responsable pour notre péché. Nous refusons de prendre la responsabilité pour nos actions.
Nous accusons les tiers pour ce qu’ils ont fait : « C’est eux qui m’ont provoqué … qui m’ont irrité … qui ont commencé … J’avais peur de ce qu’ils auraient pu dire … » Nous les accusons aussi pour ce qu’ils auraient dû faire : « Si seulement tu m’avais tendu la main … Si tu avais été présente … Si tu m’avais mieux aimé. »
Nous rejetons aussi la faute sur nos circonstances : notre contexte, notre éducation, notre histoire personnelle, notre atavisme (nos gènes, notre métabolisme, le calendrier). Voici quelques exemples de ce que pourrait dire une personne en colère :
Contexte « Il m’a rendu fou de rage. C’était si injuste. Vous auriez réagi de même si vous aviez été à ma place. »
Éducation « Je tiens de mon père. Il était “soupe au lait” et je tiens ça de lui. »
Histoire personnelle « Si vous étiez passé par où moi je suis passé, vous aussi vous seriez en colère. »
Hérédité « Je suis comme ça. “J’ai le sang chaud”, je n’y peux rien. »
Il y a une part de vérité dans chacune de ces explications. Les circonstances extérieures sont susceptibles de déclencher ou de renforcer le péché. Elles en déterminent souvent la forme. Cependant, aucun de ces facteurs n’en offre une explication satisfaisante. C’est nous qui choisissons comment nous allons répondre aux circonstances, et ce qui détermine nos choix sont les désirs et les pensées de nos cœurs. Le péché qui est dans notre cœur nous persuade que nos actes sont inévitables, inexorables ou appropriés. Si quelqu’un me fait du tort, la colère m’apparaît inévitable, inexorable ou appropriée, mais en réalité, elle ne fait que révéler mes pulsions idolâtres. Jerry Bridges dit que, pour parler du péché, il est préférable d’utiliser le vocabulaire de la désobéissance plutôt que celui de la défaite :
Quand je dis que je suis vaincu par un péché, je me décharge inconsciemment de ma responsabilité. Je prétends qu’une force extérieure à mon être m’a vaincu. Mais quand je dis que je suis désobéissant, je me trouve avec la responsabilité du péché sur mes épaules. Oh certes, il s’agit tout de même d’une défaite, mais la raison en est la voie de la désobéissance : j’ai choisi de nourrir des pensées impures, d’entretenir des ressentiments ou de masquer quelque peu la vérité.
Jerry BRIDGES, Vers une vie sainte, Marne-la-Vallée : Farel, 1994. p. 70.
Toutes nos accusations échouent sur le paillasson divin. Nous pointons du doigt les autres, ou nos circonstances, ou notre héritage psychologique, mais en réalité, ce que nous disons vraiment, c’est que tout est de sa faute à lui : « C’est Dieu qui m’a mis dans cette situation, c’est lui qui m’a fait comme je suis. » Pourtant l’apôtre Jacques dit bien : « Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : “C’est Dieu qui me tente”, car Dieu ne peut pas être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté quand il est attiré et entraîné par ses propres désirs » (Jacques 1.13-14). Dieu n’est pas là pour nous « attendre au tournant » ni pour nous « coincer » dans des situations impossibles où nous sommes condamnés à pécher. Le moteur de nos tentations n’est autre que nos propres désirs mauvais. Alors nous objectons : « Oui, mais pour moi, c’est différent, ma situation est unique, les autres ont peut-être le choix, mais moi, je suis obligé de réagir comme je le fais et donc ce n’est pas vraiment de ma faute. » Nous aimons être uniques jusque dans notre péché ! Mais pour Dieu, nos tentations ne sont pas différentes de celles des autres et nos réactions ne sont pas non plus inévitables : « Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine. Dieu est fidèle, et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter » (1 Corinthiens 10.13).
Dorothée et Naomi, deux dames d’un certain âge, faisaient partie de notre Église. Elles étaient toutes les deux souffrantes. Dorothée, avait les jambes douloureuses. Quand vous lui rendiez visite, elle n’en finissait pas de vous décrire ses problèmes par le menu. Elle n’en pouvait plus et elle était très négative. Ses conversations tournaient autour d’un unique thème : sa propre personne. Naomi de son côté souffrait d’arthrite aiguë depuis de longues années ; ses pauvres doigts s’étaient recroquevillés et ressemblaient à des petits poings fermés. Dans les derniers mois de sa vie, le cancer s’était mis à ronger son corps. Elle souffrait constamment en poussant de petits gémissements. Pourtant son regard brillait, et dans ses conversations elle parlait de la bonté de Dieu et s’enquérait de la situation des autres. Ces deux femmes faisaient face aux mêmes difficultés. Pourtant, si vous aviez demandé à Dorothée d’identifier son problème, elle vous aurait répondu que c’était sa maladie, alors que pour Naomi, c’était complètement différent : la joie du Seigneur était sa force.
Minimiser le péché
Une façon de fuir notre responsabilité vis-à-vis du péché est de le minimiser. On banalise la faute en disant : « Ce n’est pas si grave » ; « Ce n’était rien ». Ou bien on se compare aux autres : « Au moins je ne suis pas comme lui » ; « Tu sais ce qu’elle a fait ? » On attire l’attention sur nos bons côtés : « Après tout, je ne suis pas si mal que ça » ; « On peut toujours compter sur moi ». J’ai entendu toutes ces réflexions. On réduit le péché au rang d’une incartade, d’une erreur, d’une méprise, d’une « bûche ». On dit : « J’étais d’humeur taquine, j’étais excité, insensible, sot, déprimé, espiègle, maladroit, préoccupé, mal élevé. » Il y a les mensonges pieux, les péchés mignons, les indiscrétions innocentes. Bref, nous nous sommes forgé tout un vocabulaire pour éviter d’appeler un chat, un chat, et le péché, un péché. Nous disons : « C’était un péché véniel » ; « Tout le monde fait ça » ; « C’est plus un trait de caractère qu’un véritable péché ». Cependant, le péché est une chose sérieuse, si sérieuse qu’elle débouche sur une éternité en enfer ou sur la mort du Fils éternel de Dieu. La repentance véritable déplore le péché ; elle ne le minimise jamais.
Quand avez-vous tremblé devant la Parole de Dieu pour la dernière fois ? « Voici sur qui je porterai les regards : sur celui qui est humble et a l’esprit abattu, sur celui qui fait preuve de respect vis-à-vis de ma parole » (Ésaïe 66.2). Les humbles tremblent au son de la Parole de Dieu. Ils ne minimisent pas le péché ; ils sont tremblants devant Dieu. Par contre, l’orgueil nous rend sourds à sa Parole. « On sait déjà tout par cœur », au moins c’est ce qu’on pense, donc on n’a pas vraiment faim en ouvrant la Bible. On ne se sent pas concerné comme un pécheur dans le besoin. Notre orgueil nous fait évacuer toute conviction de péché pour épargner notre amour-propre.
« Ce n’est pas ma faute ; ce n’est pas si grave ; après tout, je ne suis pas si mauvais que cela », voilà comment nous nous dégageons de notre responsabilité face au péché. Voici comment nous devrions réagir : « C’est bien de ma faute ; oui, c’est grave ; oui, je suis mauvais. »
De plus en plus fréquemment dans notre culture, l’affirmation de soi est devenue la préoccupation à la mode. Je dois d’abord me préoccuper de moi-même, se dit-on ; je dois devenir la personne que je suis, ou bien je dois accepter la personne que je suis. Par conséquent, tout discours sur le sujet de la culpabilité est vu comme une attaque contre mon projet de vie. Le résultat est que, même lorsque vous me démontrez ma culpabilité personnelle, moi, je demeure une victime. Tout ce que vous avez réussi à faire, c’est me donner mauvaise conscience.
Mon intention n’est pas de donner mauvaise conscience à quiconque. Ce que je veux, c’est que les gens puissent connaître le bonheur d’être pardonnés et libérés. Mais beaucoup refusent ce bonheur parce qu’ils refusent d’admettre qu’ils ont besoin d’un sauveur. Ce n’est pas se faire violence à soi-même que de parler du péché, bien au contraire, c’est s’engager sur la route du pardon et de la liberté, et nous trouvons pardon et liberté vis-à-vis du péché lorsque nous nous repentons et que nous nous tournons vers Dieu par la foi. Sans repentance, il n’y a ni pardon ni liberté. Or se défausser de la culpabilité ou minimiser le péché, ce n’est pas se repentir. Il n’y a pas de « mais » quand on se repent. On ne peut pas dire : « D’accord, je me repens de mes péchés, mais ce n’était pas vraiment de ma faute », ni : « D’accord je me repens de mes péchés, mais ce n’était quand même pas si grave ».
Je suis rempli de tristesse en écrivant ces lignes, en pensant à mes connaissances qui, devant leur péché, ont refusé de prendre leur responsabilité. Chaque fois, cela a débouché sur une tragédie. Je crois que certains étaient des croyants qui sont restés prisonniers de leur péché, d’autres étaient des incroyants qui mourront loin de Dieu parce qu’ils n’ont pas voulu reconnaître leur péché.
Je pense à un épisode des Simpsons au cours duquel Homer et Bart vont faire un tour en mer sur un canot pneumatique. Homer lave ses chaussettes dans leur ration d’eau potable et avale tous leurs vivres. Survient un avion de secours qui les survole ; Homer tire une fusée de détresse qui touche l’aéroplane. Plus tard, alors qu’un épais brouillard les recouvre, Homer devient hystérique : « On est perdu ; on est perdu », crie-t-il. Un peu plus tard encore, le brouillard se lève sur une embarcation de sauvetage qui arrive sur eux. « Tout va bien ? » crie quelqu’un. Homer est l’exemple typique de l’homme qui n’admettra pour rien au monde qu’il a des problèmes, c’est pourquoi il répond : « Pas de problème, tout baigne ! » Puis le brouillard réapparaît tandis que le bateau s’évanouit au loin et que Homer retrouve son état hystérique.
Nous pouvons tous être comme cela ! Notre situation est désespérée ; le péché nous retient prisonnier ; nous ne pouvons pas nous en dégager, nos vies sont une tragédie, mais quand Dieu propose son aide, nous préférons faire comme si de rien n’était et décliner son offre plutôt que de reconnaître notre péché.
Dissimuler le péché
Un des outils principaux qui permet à l’orgueil de contrecarrer tout changement est la dissimulation du péché aux yeux de l’entourage : « Celui qui cache ses transgressions ne réussira pas, mais on aura compassion de celui qui les reconnaît et les abandonne » (Proverbes 28.13). Nous tenons à notre réputation, alors, nous mettons un masque, nous « faisons comme si », nous ne demandons rien parce que nous voulons nous en sortir seul, nous ne voulons surtout pas que l’on voie notre vrai visage. C’est pour cela que l’on se dit que l’on peut s’en sortir tout seul. Seulement, en réalité, notre réputation nous est plus chère que notre haine du péché. Bien sûr, on voudrait ne plus pécher, mais quand même pas au prix de notre fierté, et la conséquence, c’est que la repentance, la vraie repentance, n’a pas lieu. « Prendre une résolution est une chose ; se repentir, chercher conseil sérieusement et développer une stratégie pratique et christocentrique avec des amis en est une autre complètement différente. » Pensez-y : nous sommes prêts à faire le choix du péché, à mettre Dieu de côté, à jeter notre liberté aux orties et même à prendre le risque de finir en enfer, tout cela pour ne pas ternir notre image.
Une repentance authentique balaie tout ce qui se met en travers du changement, même votre réputation. Confesseriez-vous votre péché à un frère croyant en qui vous avez confiance ? Oseriez-vous lui être redevable ? Avez-vous parlé de votre péché à quiconque en souffre, y compris votre épouse ? Il n’est pas forcément sage de se confier à un grand nombre, mais vous devriez volontairement et librement vous en ouvrir à ceux envers qui vous êtes redevable. Vous n’avez pas encore franchi le pas ? Hésitez-vous ? Si oui, votre réputation vous est encore plus chère que votre sainteté. Votre gêne persistante montre que votre image reste ce qui a encore le plus de valeur à vos yeux. La honte donne à l’opinion de votre entourage un poids prépondérant. La repentance replace Dieu au centre de tout et vous permet de croire qu’en Christ, vous êtes déclaré juste.
Le péché est comme la moisissure : laissez-le dans l’obscurité et il prospère ; exposez-le à la lumière et il s’étiole. « En effet, toute personne qui fait le mal déteste la lumière, et elle ne vient pas à la lumière pour éviter que ses actes soient dévoilés. Mais celui qui agit conformément à la vérité vient à la lumière afin qu’il soit évident que ce qu’il a fait, il l’a fait en Dieu » (Jean 3.20-21). Nous devons exposer notre péché à la lumière. Lorsque Thierry sonna chez Bob, il n’y eut pas de réponse, si ce n’est que les rideaux s’agitèrent et qu’on entendit des bruits de pas. Bob avait encore bu sa paye et il essayait de faire le mort (très maladroitement) pour que cela ne s’ébruite pas. Nous ressemblons tous à Bob, même si certains d’entre nous le font plus discrètement. Son attitude est un exemple de ce que la peur d’être percé à jour peut nous faire faire. On se calfeutre. On dissimule son péché même si la dissimulation nous prive de l’aide nécessaire. Nous choisissons l’obscurité et non la lumière. Le fait de se cacher mène au péché et le péché nous pousse à nous cacher. Mais la grâce brise le cercle infernal, elle détruit la peur d’être découvert, elle nous conduit à la lumière, elle nous fait pénétrer dans le temple du changement.
L’Évangile vécu dans le cœur quotidiennement nous rend libres d’être insolemment honnêtes avec nous-mêmes et avec Dieu. L’assurance de son pardon total par le sang de Christ signifie que nous n’avons plus à être sur la défensive ni à rationaliser ou à excuser nos péchés. Nous pouvons dire : « J’ai menti » au lieu de « J’ai peur d’avoir un peu exagéré » ; nous pouvons admettre avoir des difficultés à pardonner au lieu de continuer à accuser nos parents pour nos problèmes émotionnels ; nous pouvons appeler notre péché par son nom précis, aussi laid ou humiliant soit-il, parce que nous savons que Jésus l’a porté en son corps sur la croix. Puisque nous possédons l’assurance du pardon total en Christ, nous n’avons plus aucune raison de nous cacher de nos péchés.
Jerry BRIDGES, Vivre sous la grâce, Marne-la-Vallée : Farel, 1996, (voir le chapitre 1).
Je désire être connu pour ma sainteté, mais ce désir même m’empêche d’en gravir les échelons. Mon orgueil fait de ma sainteté mon sujet de fierté, ce qui me prive de mon seul espoir : la grâce divine (Jacques 4.6). Mon orgueil cache mon péché, ce qui me prive de l’aide de mes frères dans la foi. Mon orgueil minimise ou excuse mon péché, ce qui fait que je ne le combats jamais avec suffisamment de vigueur. Je suis écartelé chaque jour entre le désir d’être connu comme quelqu’un de saint et celui d’être saint, tout simplement. Il faut que je me persuade que ma réputation est peu de chose face à la joie d’accéder à une meilleure connaissance de Dieu et au fait de refléter sa gloire. Je m’imagine admiré par bon nombre de personnes puis je m’imagine dans la présence de Dieu. Être dans la présence de Dieu semble de loin la meilleure option, pourtant, au milieu des frères et des sœurs, la difficulté ressurgit.
3. Haïr les conséquences du péché, mais pas le péché lui-même
Très souvent, si nous ne changeons pas, c’est que nous ne le voulons pas. Vous me direz peut-être : « Cela fait des années que je me bats contre ce péché ; des années que je rêve de m’en libérer, et maintenant vous me dites qu’au fond de moi, je ne le veux pas vraiment ! »
Mais la vérité est que souvent, ce que nous aimerions changer, ce sont les conséquences du péché, pas forcément le péché lui-même. Le désir d’apaiser le sentiment de culpabilité, la crainte de ruiner nos relations peut nous inciter fortement à chercher de l’aide. Mais dans notre for intérieur, nous restons attachés au péché lui-même. Lorsque la tentation s’abat sur nous, nous avons encore l’impression qu’il a mieux à offrir que Dieu.
Je le constate souvent chez les gens. Ils me demandent de l’aide pour remettre de l’ordre dans leurs vies, mais ils n’ont pas vraiment envie de changer le comportement responsable de leur chaos ; ils me demandent comment ils doivent s’y prendre pour ne plus retomber dans les dettes, mais ils ne veulent pas s’attaquer à leur « fièvre acheteuse » idolâtre qui les entraîne dans une spirale infernale d’achats ; ils me demandent de l’aide pour réparer une relation brisée, mais ils ne veulent pas toucher à leur « moi » adoré qui est le responsable de leurs problèmes. John Owen le voit ainsi :
Un homme qui ne fait que résister au péché pour des raisons d’amour-propre ou par peur de la punition éternelle continuerait à le pratiquer si aucun châtiment ne le sanctionnait. En quoi cela diffère-t-il de la pratique de ce péché ? Ceux qui appartiennent à Christ et qui obéissent à la Parole de Dieu sont en mesure d’opposer la mort de Christ, l’amour de Dieu, l’horreur du péché, la valeur inestimable de la communion avec Dieu et une profonde haine du péché en tant que tel, aux assauts de la convoitise dans leurs cœurs[.
John OWEN, The Mortification of Sin, condensé et simplifié par Richard RUSHING, Banner of Truth, 2004, p. 59
Il n’y a pas d’autres solutions que la foi et la repentance. Nous sommes condamnés à creuser toujours plus profondément pour exposer à la lumière les mensonges résidant dans nos cœurs et pour nous repentir des idoles qui l’habitent. La sémantique néotestamentaire est très violente. Elle parle d’amputer, de tuer, d’affamer et de combattre. Nous devons traiter le péché avec violence. La raison pour laquelle nous hésitons est très probablement que nous ne voulons pas être violents avec quelque chose que nous chérissons toujours. Nous devons détester le péché pour ce qu’il est et désirer Dieu pour lui-même. Écoutons encore John Owen :
Tournez les regards vers celui que vous avez percé, et que cela parle à votre âme. Dis à ton âme : « Mon Dieu, qu’ai-je fait ? Ah quel amour, quelle miséricorde, quel sang versé, quelle grâce j’ai méprisée et foulée aux pieds ! Est-ce là ma reconnaissance pour l’amour dont le Père a fait preuve envers moi ? Est-ce là mon remerciement pour le sang versé par le Fils ? Est-ce ainsi que je réponds à la grâce du Saint-Esprit ? Souillerais-je le cœur pour lequel Christ est mort pour le purifier et dans lequel le Saint-Esprit a choisi de s’établir ? Comment me préserverais-je de la boue ? Que dirais-je au Seigneur Jésus que j’aime tant ? Comment redresserais-je la tête et le regarderais-je droit dans les yeux ? Est-ce que ma communion avec lui a si peu de valeur à mes yeux qu’à cause de ces mauvais désirs, je lui laisse une place aussi réduite dans mon cœur ? Comment échapperais-je si je néglige un si grand salut ?
Que dirais-je au Seigneur ? Son amour, sa miséricorde, sa grâce, sa bonté, sa paix, sa joie, sa consolation, je les ai méprisés, considérés comme négligeables afin de continuer à abriter la convoitise dans mon cœur. Est-ce que je vois vraiment Dieu comme mon Père, si je lui tiens tête de cette façon ? Mon âme a-t-elle été purifiée afin que je puisse la souiller encore ? Chercherais-je à dénaturer la raison de la mort de Christ ? Offenserais-je le Saint-Esprit qui m’a scellé pour le jour de la rédemption ? »
Offrez à votre conscience l’occasion de penser à ces choses tous les jours.
John OWEN, The Mortification of Sin, condensé et simplifié par Richard RUSHING, Banner of Truth, 2004, p. 78-79