Nous reproduisons ici un extrait du chapitre 2 du Guide du responsable jeunesse de Michel Castagno.
Lors d’un rassemblement inter-églises de jeunes de 14 ans à 18 ans environ, l’orateur a interpelé son auditoire en posant la question suivante : « Qu’est-ce que vos parents attendent de vous ? » ou « Qu’est-ce qui est le plus important à leurs yeux, vous concernant ? »
Les réponses collectées dans l’ordre étaient les suivantes : communiquer avec nous, être fiers de nous, établir une relation de confiance, que je devienne indépendant et adulte, que je sois heureux, ma réussite sociale et familiale, que je sois obéissant, etc.
Ce sont de bonnes choses en soi au premier abord, mais similaires à des réponses que l’on aurait pu collecter dans n’importe quelle classe de lycée. Pas un retour, pas une seule allusion à la foi, à Dieu, à cette relation verticale à découvrir, à vivre et entretenir avec le Seigneur. Aucun de ces jeunes qui ont grandi dans l’aquarium[1], participé aux enseignements spécifiques des cultes du dimanche et aux programmes jeunesse n’a mentionné un objectif parental lié à leur foi personnelle et à leur marche chrétienne. Si plusieurs de ces jeunes suivent aujourd’hui le Seigneur, ils ne semblaient pas, à l’époque, avoir perçu cet objectif comme primordial aux yeux de leurs parents.
A. La responsabilité parentale
Pardonnons à ces parents, car, au quotidien, les « range ta chambre » ; « fais tes devoirs » ; « prépare ta leçon de piano » et « sors de cet écran » fusent à longueur de journée, j’ai une bonne expérience dans ce domaine…
Le problème est de faire comprendre aux enfants que toutes ces choses qui animent le quotidien ne sont pas au même niveau d’objectif que celui de connaître Dieu. Le but d’un parent pour son enfant, bien que cela dépende de la grâce de Dieu, n’est-il pas que celui-ci rencontre Dieu et s’engage à marcher sur le chemin étroit pour suivre le Seigneur ? Plusieurs questions se posent sur ce que nous communiquons à notre jeunesse en tant que famille, en tant que responsable jeunesse, en tant qu’Église.
Nos priorités sont-elles claires ? Si oui, notre message est-il cohérent ? Nous donnons-nous les moyens suffisants ? Notre exemple de vie tient-il la route ?
Il a établi un témoignage en Jacob, il a mis une loi en Israël, et il a ordonné à nos ancêtres de l’enseigner à leurs enfants pour que la génération future, celle des enfants à naître, la connaisse, et que, devenus grands, ils en parlent à leurs enfants. Ainsi, ils mettraient leur confiance en Dieu, ils n’oublieraient pas la manière d’agir de Dieu et respecteraient ses commandements. Ainsi, ils ne seraient pas comme leurs ancêtres : une génération désobéissante et rebelle, une génération dont le cœur était inconstant et dont l’esprit n’était pas fidèle à Dieu.
Psaumes 78.5-8
Lorsqu’il est demandé à Jésus quel est le plus grand commandement[2], il cite partiellement la loi donnée à Moïse 15 siècles plus tôt :
Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel. Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Les commandements que je te donne aujourd’hui seront dans ton cœur. Tu les répéteras à tes enfants ; tu en parleras quand tu seras chez toi, quand tu seras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les attacheras à tes mains comme un signe et ils seront comme une marque entre tes yeux. Tu les écriras sur les montants de la porte de ta maison et sur les portes de tes villes.
Deutéronome 6.4-9
Ce texte nous interpelle sur la nature de notre relation personnelle avec Dieu et encourage les parents à concrétiser cet amour du Seigneur par une éducation proactive de leurs enfants selon ses plans.
« Tu les inculqueras à tes enfants » : première responsabilité, enseigner les enfants. Dans la racine de ce mot « inculquer », il y a l’idée d’aiguiser, de rendre tranchant.
L’éducation n’est pas une activité ponctuelle, mais elle s’inscrit comme un mode de vie, qui concerne tous les aspects de la journée, à la maison bien entendu, mais aussi pendant les temps de loisirs, de travail, en toutes occasions. Ces versets nous laissent un exemple concret pour que les parents n’oublient pas leur responsabilité, l’idée étant de mettre en place des moyens pratiques au quotidien pour encourager le foyer à demeurer attaché au Seigneur.
Dieu nous interpelle sur notre priorité vis-à-vis des enfants et des jeunes et sur la cohérence pratique qui en découle. Remarquons ici que cela s’adresse aux parents en priorité, pas aux responsables jeunesse. Les parents sont donc en première ligne.
Rappelons-nous que :
- Les parents s’inquiètent davantage que le responsable jeunesse.
- Dans la mesure où les parents assument leur responsabilité d’éducateur, ce sont eux qui influenceront le plus leurs enfants, même si dans le processus de l’adolescence, ces derniers iront chercher des repères extérieurs à la famille.
- Ils connaissent mieux la situation, le contexte et les possibilités de leur jeune.
- Ils peuvent s’investir plus que le responsable jeunesse.
- La responsabilité et l’autorité leur appartiennent.
- Ils ont plus d’amour !
La famille est donc le premier cadre des jeunes. Les parents confient aux responsables jeunesse leur précieuse progéniture pour qu’ils puissent prendre le relais et compléter leur objectif d’éducation chrétienne.
B. La responsabilité et le rôle de l’Église locale
Voici comment nous pourrions résumer le rôle et la responsabilité de l’Église, que ce soit au sens large du terme, ou plus localement :
- L’Église est pour Dieu : c’est l’épouse de Christ. L’Église dans le sens premier représente le peuple de Dieu, son peuple d’adorateurs.
- L’Église est au service des chrétiens en vue de leur sanctification. L’unité, la diversité et la complémentarité en son sein favoriseront cette croissance. C’est une grande et nouvelle famille au sein de laquelle les chrétiens s’entourent et se supportent les uns les autres.
- L’Église, de par sa nature, sa conception, son organisation et sa vision, est un témoignage pour nos contemporains. La grande mission est l’évangélisation ; l’Église est l’ambassade de Christ sur la terre. Dans sa grâce, Dieu a choisi l’Église pour refléter sa gloire et se révéler dans le monde entier. Les chrétiens sont appelés à y être le sel et la lumière.
À partir de ces 3 grands axes de responsabilité de l’Église, déclinons les orientations qui visent plus particulièrement la jeunesse. Le groupe de jeunes étant le prolongement de l’Église locale, la finalité de l’ensemble des actions sera d’honorer Dieu par nos vies et d’encourager les jeunes à faire de même. Même si la conversion des uns et des autres ne nous appartient pas, ni leur engagement d’ailleurs (il est toujours bon de se rappeler que nous sommes dépendants de la seule grâce divine), cela restera notre objectif premier. Notre but est centré sur Dieu, sur sa propre gloire : nous voulons que Dieu soit glorifié par notre service fidèle et, selon sa volonté, qu’il soit aussi réjoui par des fruits visibles chez les jeunes qui nous entourent, en constatant des changements de vies et des engagements à le suivre.
L’Église, dans son action jeunesse, sera avant tout au service des parents. Ce sont eux qui sont en première ligne de responsabilité et qui ont besoin d’aide dans leur rôle d’éducateur.
Quelles sont les préoccupations des parents ?
- « Je ne le/la comprends pas. »
- « Je n’arrive pas ou plus à communiquer. »
- « Ma fille/mon fils est en rébellion. »
- « Je ne l’apprécie même plus. »
- « Que faire ? Il/elle rejette mes valeurs ? »
- « Comment puis-je le/la cadrer ou le/la discipliner ? »
- « Je n’ai jamais été un bon exemple. »
- « Je ne sais plus quoi faire ? »
- « Je me sens seul(e). »
Tout en tenant compte des diverses situations parentales et de leurs circonstances de vie, l’Église tâchera de les encourager, de les responsabiliser et de les équiper pour ce rôle difficile qui demande patience et persévérance, c’est le papa expérimenté qui parle. Il n’y a pas d’école de parents, chacun apprend sur le tas !
Si la famille n’est pas chrétienne, nous ferons d’autant plus attention à notre communication, en nous efforçant d’être transparent, respectueux et d’éviter le patois de Canaan. Nous sommes au service des parents, et les ados qui nous sont confiés doivent le sentir.
De manière plus précise, l’Église interviendra dans les domaines suivants :
- La prière pour chaque jeune.
- La prière pour les parents. Ils sont en première ligne au quotidien !
- La présentation de l’Évangile aux jeunes.
- Le témoignage auprès des parents. Ils ne connaissent pas obligatoirement Dieu de manière personnelle.
- L’enseignement des parents. Par exemple, certains ne sont pas capables de verbaliser le message de l’Évangile auprès de leur enfant. L’important est que chaque parent marche avec Christ, qu’il ait une vision complète de l’Évangile, une vision globale de la Bible, pour qu’il y puise la force d’aimer, d’être patient, d’éduquer et de donner goût aux enfants de mener une vie au service de Dieu. Nous pourrons également aborder les thèmes spécifiques du couple, puisque l’équilibre familial en dépend. Les thèmes autour de la parentalité sont aussi nombreux, notamment ceux qui touchent l’environnement des jeunes.
- Un soutien dans l’éducation. Il faut que les parents ressentent qu’avec les responsables jeunesse, ils forment une équipe soudée. Il est bon de rappeler à nos jeunes que les fruits spirituels de leur engagement devraient être visibles aussi, pour ne pas dire premièrement…, dans leur famille : respect des parents, soumission, aide au quotidien, prise de responsabilités au sein du foyer.
- Si l’Église est une famille, elle jouera un rôle dans l’élargissement du foyer. Il est de plus en plus fréquent que le père ou la mère soit absent, les familles monoparentales ou recomposées sont nombreuses. L’Église est-elle une nouvelle famille ? Un relais ? Un appui ? Qu’est-ce qui est mis concrètement en place ?
- Une aide sociale en vue du bien-être matériel et spirituel des jeunes pourrait être envisagée selon les besoins. Je pense en particulier à encourager la participation à des projets adaptés et marquants, comme les camps de vacances chrétiens, par une participation financière.
Si les jeunes représentent une cible stratégique pour le développement de l’Église, celle-ci se doit de mettre en œuvre des moyens de témoignages et de formations conséquents les concernant. Des moyens tout autant au service de la jeunesse de l’Église que de celle hors de l’Église. Notons au passage que les jeunes témoignent très facilement de leur foi à leurs amis, plus naturellement que leurs aînés. Il s’agit donc d’un terrain propice à l’avancement de l’Évangile.
Voici quelques idées de moyens à développer et à soutenir :
- Les groupes de jeunes : encadrement, moyens financiers, vision…
- Les séjours de vacances intégrant un projet éducatif spirituel : scouts, colonies, camps, centres de vacances. Ces œuvres sont souvent fragiles et dépendantes des Églises.
- Des week-ends inter-groupes de jeunes régionaux, nationaux.
- Des enseignements et des formations bibliques adaptées aux jeunes.
- La formation biblique des animateurs ou encadrants.
- Des actions de service (banque alimentaire, séjour de travail…).
- La découverte et la sensibilisation à la mission ici ou au loin (invitation, microprojets, voyages à caractère humanitaire…).
- L’intégration des jeunes dans l’Église locale. Penser à créer du lien entre les générations.
Reproduction de cet article interdite. Copyright Michel Castagno et Editions Clé 2021.
Découvrez le Guide du responsable jeunesse de Michel Castagno sur notre site ou en librairie chrétienne.
[1] Ichthus : Symbole représentant un poisson utilisé comme signe de reconnaissance par les premiers chrétiens.
[2] Matthieu 22.37-38 et Marc 12.29-31.