Déconstruire les croyances dissolvantes (Timothy Keller) – part 2/2


Amener les non-croyants à Christ

Par Timothy Keller, Pasteur, Église Presbytérienne du Rédempteur

Cet article est la suite de « déconstruire les croyances dissolvantes, partie 1 ». Vous pouvez lire la partie 1 ici.

La version complète (article 1 et 2) est également disponible en pdf :

2. Déconstruire la structure d’« implausibilité »

Quelles sont les croyances dissolvantes dominantes dans la civilisation occidentale contemporaine ? Voilà les principales d’entre elles, découvertes lors d’un récent sondage que j’ai effectué auprès de jeunes non chrétiens de moins de 25 ans à New York. Six de ces croyances dissolvantes sont répertoriées et analysées en quelques mots. Le christianisme ne peut pas être vrai à cause :

a) des autres religions.

Les chrétiens semblent grandement exagérer les différences entre leur foi et celle des autres. Bien que des millions d’adeptes d’autres religions affirment avoir rencontré Dieu, aient bâti des civilisations et des cultures merveilleuses, et que leurs vies et leurs caractères aient changé grâce à leur expérience de foi, les chrétiens persistent à dire qu’eux seuls iront au ciel – que leur religion est la seule « légitime » et vraie. Cette exclusivité est stupéfiante. Nombreux sont ceux qui y voient même une menace pour la paix dans le monde.

Réponse rapide : Un inclusif est un exclusif qui s’ignore. On entend souvent dire : « Personne ne devrait prétendre que son opinion sur Dieu est la meilleure. Toutes les religions se valent ». Mais cela ne peut être vrai que si 1° Il n’y a pas de Dieu du tout, ou si 2° Dieu est une force impersonnelle, indifférente à votre doctrine le concernant. En parlant ainsi, vous endossez (par la foi !) une vision très particulière de Dieu et vous essayez de l’imposer, comme étant meilleure que les autres. Ceci est au mieux incohérent et au pire hypocrite, puisque vous faites exactement ce que vous interdisez. Dire « toutes les religions se valent » est en soi une opinion très occidentale, issue des idées du siècle des Lumières européennes sur la connaissance et les valeurs. Pourquoi cette opinion devrait-elle être privilégiée par rapport à d’autres ?

b) du mal et de la souffrance.

Le christianisme enseigne l’existence d’un Dieu tout-puissant et rempli d’amour et de bonté. Mais comment concilier cette croyance avec les atrocités qui se produisent chaque jour ? S’il y a un Dieu, il faut qu’il soit, au choix, tout-puissant, mais pas assez bon pour vouloir mettre fin au mal et à la souffrance, ou bon, mais pas assez puissant pour les faire cesser. D’une manière ou d’une autre, le Dieu de la Bible ne peut pas exister. Pour beaucoup de gens, ce n’est pas seulement un casse-tête intellectuel, c’est un problème personnel profond. Leurs propres vies ont été marquées par des tragédies, des mauvais traitements et de l’injustice.

Réponse rapide : Si Dieu lui-même a souffert, notre souffrance n’est pas insensée. Tout d’abord, si vous avez un Dieu assez grand et transcendant pour être en colère contre lui de ne pas avoir arrêté le mal et la souffrance sur terre, alors (et en même temps) vous devez avoir un Dieu assez grand et transcendant pour avoir de bonnes raisons de permettre que cela continue, raisons que vous ne pouvez pas connaître (la réciproque n’est pas vraie). Ensuite, même si nous ne savons pas pourquoi il le permet, il ne peut y être indifférent ou insensible, car le Dieu des chrétiens (contrairement aux dieux des autres religions) prend tellement au sérieux notre misère et nos souffrances qu’il veut y prendre part. Sur la croix, Jésus a souffert avec nous.

c) du carcan éthique.

Dans le christianisme, la Bible et l’Église imposent tout ce que le chrétien doit croire, ressentir et faire. Les chrétiens ne sont pas incités à prendre leurs propres décisions morales, ou à réfléchir par eux-mêmes à leurs croyances ou leur mode de vie. Dans une société férocement pluraliste, trop d’options, trop de cultures, trop de différences de personnalité empêchent cette démarche. Nous devons être libres de choisir, pour nous-mêmes, comment vivre. Voilà la seule vie vraiment authentique. Nous ne devrions nous sentir coupables que si nous ne sommes pas sincères avec nous-mêmes et avec ce que nous avons choisi : croyances, pratiques, valeurs et vision de la vie.

Réponse rapide : Créer notre propre vérité supprime le droit à l’indignation morale. 1° N’y a-t-il pas dans le monde des personnes qui agissent mal d’après vous et qui devraient cesser d’agir ainsi, peu importe ce qu’elles estiment être bon ou mauvais ? Vous croyez donc en une sorte d’obligation morale que les gens devraient respecter et qui appelle un jugement sur leurs choix et convictions. Où se situe alors le problème dans le fait que les chrétiens fassent de même ? 2° De toute façon, personne n’est vraiment libre. Nous vivons tous pour quelque chose, et quel que soit notre but ultime dans la vie (que ce soit la reconnaissance, la réussite, une relation amoureuse, notre travail), c’est en fait notre « seigneur et maître ». En fin de compte, chacun de nous est dans un carcan éthique. Même les plus indépendants dépendent de leur indépendance et ne peuvent s’engager. Le christianisme vous donne un seigneur et maître qui pardonne et meurt pour vous.

d) du lourd passé des chrétiens.

Toute religion a évidemment ses hypocrites. Mais il semble que les chrétiens les plus fervents soient aussi les plus censeurs, les moins ouverts et les plus intolérants. L’Église a un long passé d’injustices, de destruction de civilisations, d’oppression. Et il y a tellement de gens qui ne sont pas chrétiens (voire absolument pas religieux) et qui semblent beaucoup plus aimables, attentionnés et même moraux que beaucoup de chrétiens. Si le christianisme est la vraie religion, alors pourquoi ? Pourquoi avoir opprimé à ce point, au cours des siècles, au nom de Christ et avec l’appui de l’Église ?

Réponse rapide : Le remède aux injustices n’est pas moins, mais plus de christianisme. 1° C’est vrai qu’il y a eu des exactions terribles, mais 2° chez les prophètes et dans les Évangiles nous trouvons les outils pour une critique accablante de la religion moraliste. Des universitaires ont démontré que la critique de la religion de Marx et Nietzsche s’appuyait sur la réflexion des prophètes. Donc, malgré ses excès, le christianisme fournit probablement de meilleurs outils que les autres religions pour faire sa propre critique. 3° Quand Martin Luther King fut confronté aux terribles outrances de l’Église « blanche », il ne l’a pas appelée à assouplir son engagement chrétien. Il s’est servi de la Bible pour que l’Église fasse son autocritique, et il l’a appelée à un christianisme plus authentique, plus ferme et plus profond.

e) de la colère de Dieu.

Le christianisme semble être construit autour du concept d’un Dieu qui juge et condamne. Par exemple, la croix – qui enseigne que le meurtre d’un homme (Jésus) permet le pardon des autres. Mais pourquoi Dieu ne peut-il pas juste pardonner ? Le Dieu des chrétiens semble n’être qu’un vestige des religions primitives où des dieux irritables réclamaient du sang pour apaiser leur colère.

Réponse rapide : Sur la croix, Dieu ne réclame pas notre sang, mais il offre le sien. 1° Tout pardon d’une faute grave et d’une injustice implique la souffrance de celui qui pardonne. Si quelqu’un nous offense grandement, nous ne pouvons simplement l’ignorer, à cause de notre sens profond de justice. Nous ressentons qu’il y a là une « dette ». Nous pouvons soit a) faire payer la dette ressentie à l’offenseur (par la vengeance) et, dans ce cas, le mal se répand en nous et nous endurcit, soit b) pardonner, mais c’est extrêmement difficile. C’est pourtant la seule manière d’arrêter le mal avant qu’il ne nous endurcisse aussi. 2° Si nous ne pouvons pardonner sans souffrir (à cause de notre sens de la justice), découvrir que Dieu ne pouvait pas pardonner sans souffrir – venant dans la personne du Christ et mourant sur la croix – n’a rien de surprenant.

f) du peu de fiabilité de la Bible.

Il semble impossible de persister à dire que la Bible fait pleinement autorité, à la lumière de la science moderne, de l’histoire et de la culture. Nous ne pouvons pas non plus être certains de ce qui, dans les récits de la Bible, relève de la légende, et de ce qui est réellement arrivé. Et enfin, une grande partie de l’enseignement social de la Bible (concernant les femmes, par exemple) est rétrograde. Comment peut-on alors s’y fier scientifiquement, historiquement et socialement ?

Réponse rapide : La structure des Évangiles exclut que ce soient des légendes. Les Évangiles dans la Bible ne sont pas des légendes, mais des récits historiques fiables concernant la vie de Jésus. Pourquoi ? 1° Ils ont été écrits bien trop tôt pour être des légendes, 30 à 60 ans après la mort de Jésus, et les lettres de Paul, qui confirment tous ces récits, environ 20 ans après les événements. 2° Ces récits sont beaucoup trop « embarrassants » pour être des légendes : Jésus s’écriant sur la croix que Dieu l’a abandonné, ou la résurrection lors de laquelle tous les témoins étaient des femmes, rien de cela ne plaidait pour le christianisme aux yeux des lecteurs du 1er siècle. La seule raison historiquement plausible pour que ces événements aient été rapportés, c’est qu’ils ont vraiment eu lieu. Que la Bible soit « offensante » est une question de culture. Des textes que vous trouvez offensants ou difficiles sont une preuve de « bon sens » dans d’autres cultures. Et parmi tout ce que vous considérez comme choquant du fait de vos croyances et de vos convictions, une grande part semblera stupide aux yeux de vos petits-enfants, exactement comme les croyances de vos grands-parents peuvent vous offenser. Donc, rejeter purement et simplement l’Écriture revient à considérer que votre culture (ou pire encore, votre période de l’Histoire) est supérieure à toutes les autres. C’est extrêmement étroit d’esprit.
Les Évangiles sont-ils fiables ? Peter Williams

Pour aller plus loin sur cette question :
Les Évangiles sont-ils fiables ?
de Peter Williams

Deux ultimes remarques finales pour en finir avec les « doutes » et les « croyances dissolvantes* »

Il est essentiel de définir ces croyances dissolvantes de la manière la plus claire possible. Si un non-chrétien vous écoute et peut dire : « C’est bien mieux que ce que j’aurais pu dire », il va se sentir respecté et sera plus attentif à votre réponse. Vous devrez opposer de bonnes réponses à ces croyances dissolvantes, différentes de tout ce que vous dites et enseignez à l’Église. Notre but, avec ces croyances dissolvantes ou ces doutes, n’est pas de leur « répondre » ou de les « démentir », mais de les déconstruire, c’est-à-dire de leur « démontrer qu’ils ne sont ni aussi solides ni aussi rationnels qu’ils en ont l’air » (Kevin Vanhoozer). Il est important de montrer que tous les doutes et les objections envers le christianisme sont en réalité des croyances alternatives et des actes de foi à propos du monde (si vous dites : « Je ne peux simplement pas croire qu’il n’y ait qu’une seule religion qui soit vraie », c’est un acte de foi. Vous ne pouvez pas le prouver). Et si vous voyez que vos doutes sont en fait des croyances et que vous exigez pour eux la même quantité de preuves que pour la foi chrétienne, il devient évident que nombre d’entre eux sont très fragiles et que vous les avez en grande partie adoptés à cause de la pression culturelle.

3. Des pas vers la foi

Et si on considérait le côté positif ? Si vous êtes prêt à avancer dans l’exploration de la foi chrétienne, vous devez :

a) Déconstruire le doute :

Vos doutes sont en vérité des croyances et vous ne pouvez éviter de parier votre vie et votre destinée sur une sorte de croyance en Dieu et dans l’univers. Impossible de rester neutre. Agir par foi est inévitable.

b) Savoir que Dieu existe.

En fait, au fond de vous, vous croyez déjà en Dieu, quoi que vous vous disiez intellectuellement. Notre indignation envers l’injustice, qui est pourtant tout à fait naturelle (dans un monde basé sur la sélection naturelle), montre que nous croyons déjà en Dieu, au niveau le plus élémentaire, mais que nous l’avons évacué parce que cela nous arrange. La vision chrétienne de Dieu dit que le monde n’est pas le produit de la violence ou d’un désordre aléatoire (comme on le dit dans les récits anciens et modernes de la création), mais qu’il a été créé par un Dieu trinitaire pour être un endroit de paix et de communauté. Ainsi, la racine de toute réalité n’est pas la puissance et l’égocentrisme (comme le pensent les païens et les post-modernes), mais l’amour et l’esprit de service pour le bien commun.

c) Reconnaître votre problème majeur.

Vous n’êtes pas libre spirituellement. Personne ne l’est. Chacun est spirituellement captivé par quelque chose. « Pécher » n’est pas seulement enfreindre les règles, c’est aussi construire son identité sur autre chose que sur Dieu, ce qui nous mène au vide intérieur, à des aspirations insatiables, à l’esclavage spirituel et, vis-à-vis des autres, à l’exclusion, au conflit et à l’injustice sociale.

d) Faire la différence entre religion et Évangile.

La différence est radicale entre la religion – nous croyons que notre moralité nous assure une place de choix devant Dieu et dans le monde – et le christianisme de l’Évangile – notre position auprès de Dieu est uniquement un don de sa grâce. Ces deux interprétations profondément différentes produisent des communautés et des caractères très différents. Dans le premier cas, un sentiment de supériorité cohabite avec un complexe d’infériorité, une attitude moralisatrice, des justifications religieuses au conflit, aux guerres et à la violence. Le deuxième crée un mélange d’humilité associé à une grande confiance en soi, un respect de « l’autre » et une nouvelle liberté de surseoir à nos besoins pour le bien commun.

e) Comprendre la croix.

Tout pardon implique la souffrance, et la seule façon pour Dieu de nous pardonner et de restaurer la justice dans le monde sans nous détruire était d’entrer dans l’Histoire en venant dans le monde, en se donnant lui-même, en souffrant et en mourant sur la croix, dans la personne de Jésus-Christ. Les résultats de la croix (libération de la honte et de la culpabilité, prise de conscience de notre importance et de notre valeur) et l’exemple de la croix (la puissance par le service, la richesse par le don, la joie par la souffrance) changent radicalement notre rapport à Dieu, à nous-mêmes et au monde.

f) Accepter la résurrection.

Parce qu’il n’existe aucune autre explication alternative, historiquement crédible, à propos du développement de l’Église chrétienne que la résurrection corporelle de Jésus-Christ. Et si la résurrection de Jésus d’entre les morts annonce le renouvellement du monde physique et matériel, alors les chrétiens trouvent là une motivation pour travailler à restaurer la création (en combattant la pauvreté, la faim et l’injustice), ainsi que l’espérance infinie que nos efforts ne seront pas vains. Et pour finir, cela supprime la peur de la mort.


Pour aller plus loin :

Chrétien dans la culture d'aujourd'hui, Daniel Strange

Daniel Strange nous encourage à réfléchir de manière positive à nos interactions avec la culture environnante. Il apporte un cadre biblique et une méthode pratique pour alimenter notre réflexion et notre analyse culturelle chrétienne. Ainsi, la culture que nous « consommons » pourra non seulement nourrir notre foi, mais aussi nous servir de tremplin pour connecter l’Évangile au contexte culturel qui est le nôtre.

Disponible sur notre site ou en librairie.

Dieu, le débat essentiel, Timothy Keller

Il est temps d’examiner à nouveau la question de Dieu. Nous vivons à une époque qui valorise la rationalité, le progrès et le droit pour chacun de déterminer le sens de la vie, et de ses buts. La notion de Dieu ou d’une puissance supérieure a-t-elle un sens ? La foi ou la religion ont-elles quelque valeur à offrir ?

Disponible sur notre site ou en librairie.

Toutes les religions ne se valent-elles pas ? Pourquoi Dieu permet-il la souffrance ? Un Dieu d’amour a-t-il pu créer l’enfer ? Pourquoi le christianisme est-il si exclusif ? Dieu est-il à l’origine des guerres de religion ?

La raison est pour Dieu examine chacune de ces questions et révèle les présupposés qui leur sont associés.

Disponible en librairie ou sur notre site.

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Auteur de l’article : Éditions Clé

Éditions Clé

3 commentaires sur “Déconstruire les croyances dissolvantes (Timothy Keller) – part 2/2

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    Dauriac

    (22/06/2022 - 14:23)

    Cet article n’a d’intérêt si on le prend comme point de départ d ‘une discussion critique, argument par argument. Il est très « américain » dans sa conception: il faut une recette pour tout problème et des règles à appliquer! L’Evangile ne peut se réduire à cela: c’est nier l’oeuvre et l’intervention du Saint-Esprit et son rôle de conseiller permanent en nous. Chaque cas de témoignage est différent et ces « trucs » sont plutôt nocifs, mais ils ont le grand intérêt de permettre un débat de fond, notamment dans les groupes de jeunes oud e maison. Evidemment, je me garderai bien d’achter les livres de Keller! Fraternellement, en Christ; JM Dauriac – chrétien né de nouveau depuis 50 ans et docteur en théologie de l’Université de Strasbourg.

    Éditions Clé

    (29/06/2022 - 12:47)

    Merci pour votre commentaire. Nous respectons votre point de vue sans pour autant le partager.
    Keller ne néglige ni sous estime le rôle du Saint Esprit dans l’évangélisation et la vie chrétienne. Il en parle dans ses livres (vous devriez les lire !).
    Nous avons publié plus de 10 livres de Keller à Clé. Dans le prochain livre de Keller (Pensées sur la mort et le deuil) Keller termine avec cette prière dans il souligne le rôle du Saint Esprit.

    Une prière
    Père, tu es la force de ton peuple, et nous te demandons maintenant de guérir les cœurs brisés parmi nous et de panser leurs blessures. Nous te demandons de leur donner, à eux et à tout homme, la perspective de cette vie où toutes les larmes sont essuyées et d’où toutes les ombres ont fui.
    Élève-nous maintenant dans la puissance de ton Esprit pour que nous te suivions dans l’espérance et la confiance, et donne-nous ton pouvoir d’amour pour nous protéger, ton pouvoir de sagesse pour nous nourrir, ta beauté pour nous enchanter, ta paix pour nous combler, et élève nos cœurs dans la lumière et l’amour de ta présence. Nous te le demandons au nom de celui qui est la Résurrection et la Vie, Jésus-Christ. Amen.

    Michel PHILIPPE, directeur Éditions Clé

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